Tirage bleu roi,

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titre manuscrit du Mystère de Jean l'oiseleur

Le manuscrit du Mystère de Jean l’oiseleur, de Jean Cocteau

Le facsimilé du manuscrit est conçu comme un écrin contenant une reproduction du manuscrit de Mystère de Jean l’oiseleur. Il s’adresse aux lecteurs les plus fidèles de Jean Cocteau, ainsi qu’aux amateurs d’objets littéraires rares. Le coffret contient deux volumes : la reproduction intégrale du manuscrit (volume 1) et une analyse des autoportraits et des aphorismes de l’artiste (par David Gullentops - volume 2). L’ouvrage est préfacé par Dominique Marny, romancière et présidente du Comité Cocteau. Le coffret est proposé en édition bilingue (anglais).

tranche de l'édition du Mystère de Jean L'oiseleur
 

Retrouvez aussi notre édition du livre rare Orphée ; le manuscrit de La Voix humaine de la main du peintre Bernard Buffet, avec dessins ; et les dessins de Jean Cocteau Pense au plus délicieux gouffre (1958) ainsi que celui exécuté pour la préparation du film La Belle et la Bête.

Un manuscrit écrit sous opium

Juillet-Septembre 1924. Jean Cocteau a-t-il conscience qu’il s’apprête à composer la plus intime et bouleversante de ses œuvres ? Il ne lui faudra que quelques semaines, dans une solitude et une tristesse incommensurables, pour vaincre les fantômes et faire triompher le pouvoir de la création. Sans doute, sans en avoir pleinement conscience…

À la mort de Raymond Radiguet, tragiquement emporté en décembre 1923 des suites d’une fièvre typhoïde mal diagnostiquée, Jean Cocteau est dévasté par le choc et le chagrin. Il se reproche de n’avoir pas su prendre suffisamment soin de son cadet, pour qui il souhaitait un destin brillant. Il s’enferme dans une chambre de l’hôtel Welcome, à Villefranche-sur-mer, sur la Côte d’Azur. Il ne pense pas pouvoir écrire à nouveau. Porté par la grâce de son imagination et avec l’aide de l’opium, il se dessine inlassablement devant le miroir. À travers cette gestuelle introspective et répétitive, le poète étouffe son désespoir, rend hommage à son ancien ami, s’interroge sur la mort et la création. Il convoque les artistes qui l’ont inspiré, tels que Picasso ou Apollinaire.

Le Mystère de Jean l’oiseleur est une passerelle : d’une part, il exprime la réalité parallèle que Cocteau a trouvée dans son miroir ; d’autre part, le poète de trente-cinq ans navigue entre un travail passé, tel qu’Antigone, et des ébauches de ce qu’il écrira par la suite – L’Ange Heurtebise, Orphée... On y retrouve des éléments forts de la mythologie propre à Cocteau : la rose, le miroir et bien sûr, l’étoile…

le coffret du manuscrit du Mystère de Jean L'oiseleur de Jean Cocteau

Un facsimilé composé de 30 autoportraits

Édouard Champion est l’heureux destinataire de ces planches dessinées somptueuses, que Jean Cocteau souhaite alors voir publiées telles quelles, avec ratures et sans reliure, sous une couverture en carton ondulé. Soit une série de trente et un autoportraits entourés de textes parfois énigmatiques, et accompagnés d’une préface dans laquelle l’écrivain évoque sa superficialité supposée, avec une finesse sans précédent.

Un voyage hors temps, dans l’écriture et les méandres de la pensée de Cocteau. Une pensée toujours vive, profonde et originale, malgré l’éther dont il s’entoure, et qui grave quelques-unes de ces phrases inoubliables :

"Douter de tout c’est aussi douter du doute. Voilà ce qui guette les incrédules."

"La vie est la première partie de la mort."

"Ne me dites pas que votre métier vous fait vivre, le mien me tue."

Le Mystère de Jean l’oiseleur est édité par Champion à 130 exemplaires seulement, en 1925. C’est un objet insolite, pétri de beauté et des flammes d’un ailleurs parfois difficile à cerner. Le manuscrit n’avait jamais été publié depuis. Avec ce facsimilé, les Éditions des Saints Pères le rendent accessible pour la première fois, dans un coffret précieux.

L'hommage de Jean Cocteau à Raymond Radiguet

Jean Cocteau fait la connaissance de Raymond Radiguet dans une galerie d’art, en juin 1919. Le jeune garçon de Saint-Maur, qui a réussi à placer quelques dessins et articles dans les revues littéraires en vogue de l’époque, lui est probablement présenté par Jean et Valentine Hugo, ou Max Jacob. Leur amitié est immédiate : Jean Cocteau perçoit en lui le génie qu’il s’apprête à devenir. Le futur auteur du Diable au corps et du Bal du Comte d’Orgel lui devra beaucoup. De son vivant, puisque Cocteau lui ouvre les portes d’une élite parisienne et même internationale où intellectuels et artistes se côtoient, ivres d’être sortis de la guerre et de se remettre aussi vite que possible à vivre, créer, s’amuser ; et de façon posthume puisque Jean Cocteau veillera, jusqu’à sa propre mort, à ce que l’on n’oublie jamais les fulgurances de son protégé, en qui il voyait un maître.

Il aura cette phrase incroyable, après le décès de Raymond Radiguet survenu en décembre 1923 : "On nous l’a prêté, il fallait le rendre."

Écriture, cinéma, théâtre : la longue aventure artistique de Jean Cocteau

Jean Cocteau se passionne pour le théâtre, le dessin, la littérature et toute forme d’art, dès le plus jeune âge, en cela encouragé par sa famille. Le Tour du monde en 80 jours, de Jules Verne, adapté sur scène, l’aurait poussé à la lecture et vers le spectacle vivant, dont on sait quelle importance il aura par la suite. Le suicide de son père, alors que Jean n’a pas encore neuf ans, l’affecte profondément. Quatre échecs au baccalauréat le dissuadent de reprendre ses études : un autre destin l’attend. À Paris, alors qu’il n’a que dix-huit ans, il se fait rapidement remarquer dans les salons littéraires. Dès 1909, il cofonde une revue avec Maurice Rostand, publie des articles et des dessins, et en février son premier recueil de poèmes, La Lampe d’Aladin. C’est le début d’une longue aventure artistique aussi riche que variée, jalonnée de livres (romans, poèmes, essais), de films, de pièces de théâtre (Les Parents terribles, écrite en huit jours) ; et qui le font collaborer avec des artistes de légende, comme Pablo Picasso, Coco Chanel, Serge Diaghilev, Édith Piaf… Le poète, comme il aimait à se qualifier, lui qui savait peindre des fresques, transformer les galets en œuvres d’art, réaliser des vitraux, créer des costumes et des décors – la liste est vaste – s’éteint à Milly-la-Forêt, sa dernière demeure. Il repose dans la chapelle qu’il a décorée, Sainte-Blaise-des-Simples.

Sur sa tombe, il avait demandé que soit gravée cette simple phrase tracée de sa main : "Je reste avec vous."


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