Jules Verne

Jules Verne est né le 8 février 1828 à Nantes. Son goût pour le voyage et l'aventure, son amour pour les îles, les bateaux et les ports, lui viennent sans doute en partie de l’île Feydeau où était située la maison familiale des Verne.

Surnommé le "prince des conteurs" par le Times, il est l’un des auteurs dont les œuvres sont les plus traduites au monde, et pour cause : ses romans d’anticipation trouvent public autant chez les petits que les grands. D'abord publiés sous forme de feuilletons dans le Magasin d'éducation et de récréation de l'éditeur Pierre-Jules Hetzel, ses romans ont une vocation pédagogique autant que de divertissement. Sa carrière commence dans le théâtre, avec le soutien de la famille Dumas. Cependant, c’est en 1863, après avoir rencontré Pierre-Jules Hetzel, qu’il publie son premier succès : Cinq semaines en ballon. Un lien indéfectible se noue entre l’écrivain et l’éditeur. Hetzel, très présent dans les travaux de Verne, va jusqu’à créer une collection sur-mesure, illustrée et intitulée  « Voyages extraordinaires dans les mondes connus et inconnus » en 1866. L’éditeur y regroupera toutes ses œuvres essentielles. C’est en 1872 qu’il publie Le Tour du monde en 80 jours, son plus grand succès en librairie et sans doute son roman le plus traduit et adapté.

  • Autour de la Lune

    180,00 €

  • L'ile Mystérieuse

    125,00 €

  • Le Tour du monde en quatre-vingts jours

    190,00 €

  • Vingt mille lieues sous les mers

    190,00 €

« Le grand regret de ma vie est que je n'ai jamais compté dans la littérature française. » On ne pourrait trouver citation qui s’est révélée plus inexacte que cette phrase prononcée par Jules Verne après ses échecs d’entrée à l’Académie française. Ses romans d’aventures et ses histoires fantastiques, sortes de contes fantasmés entre réalisme et projection industrielle et onirique, ont influencé et fait rêver les générations d’enfants et d’adultes qui lui ont succédé. Auteur extrêmement prolifique d’un cycle romanesque légendaire – ses Voyages extraordinaires comptent plus de 60 titres –, ayant tenu une correspondance régulière, Jules Verne aimait agrémenter ses récits de dessins, de croquis, pour que ses lecteurs visualisent mieux les lieux et les atmosphères de ses explorations. Père de la science-fiction française, il demeure l’une des figures les plus importantes de la littérature de ce pays, avec en outre un rayonnement phénoménal à l’international.

Enfance nantaise

Jules Verne naît le 8 février 1828, à Nantes. Son père, Pierre Verne, est avoué, et sa mère, Sophie Allotte de la Fuÿe, est issue d’une famille de navigateurs. Placé en pension dès l’âge de six ans, en 1834, Jules entre par la suite au collège Saint-Stanislas, établissement privé et religieux. Très doué dans ses études, le jeune homme les poursuit en tant que pensionnaire au petit séminaire de Saint-Donatien. Ses parents, profitant de leurs moyens, s’offrent une propriété à Chantenay, depuis laquelle il est possible d’observer l’activité du port de Nantes ; les bateaux et les voyages sont donc récurrents dans ses rêveries et son imaginaire d’enfant. Très proche de son grand-oncle, Prudent Allotte de la Fuÿe, ancien armateur, la famille passe de nombreuses vacances à Brains, non loin de Nantes, dans sa propriété. L’homme est un « vieil original, célibataire autoritaire et non conformiste », avec lequel le jeune Jules aime passer du temps et jouer à des jeux comme celui de l’oie. Passionné de poésie, il s’essaye à cet art lyrique ; il écrira même, plus tard, quelques paroles de chansons. Dès 1844, Jules et son frère Paul terminent leurs études au lycée Royal de Nantes et Jules obtient son baccalauréat en juillet 1846.

Jeune passionné, il est envoyé à Paris pour poursuivre ses études en droit, mais aussi pour s’éloigner de sa cousine Caroline, dont il est amoureux, et qui est sur le point de se marier. Une déconvenue amoureuse qui se répètera plusieurs fois au cours de sa jeunesse et le blessera immanquablement. Dès l’année suivante, alors qu’il est revenu à Nantes pour préparer sa seconde année de droit, il s’est épris de Rose Herminie Arnault de la Grossetière, jeune femme qui se mariera avec un autre l’été même.

Paris ou l’entrée en littérature

Revenu définitivement à Paris, son père lui louant un petit appartement meublé, le jeune homme est témoin d’événements majeurs de l’histoire de France, notamment la déchéance de Louis-Philippe, la naissance de la Deuxième République et les journées de Juin. S’essayant depuis un temps à l’écriture, féru de poésie depuis l’enfance, Jules fréquente divers salons littéraires. Absorbé et fasciné par Victor Hugo, Molière ou encore Shakespeare, il fait la rencontre d’Alexandre Dumas et se lie d’amitié avec son fils, avec qui il écrira et retravaillera la pièce Les Pailles rompues en 1850. Jules Verne se lie aussi d’amitié avec Jules Seveste, repreneur et directeur du lieu qu’il nomme le Théâtre-Lyrique ; le jeune auteur y devient secrétaire et peut y jouer ses créations. Le succès est progressif mais se révèlera tonitruant lorsque, bien plus tard, il fera jouer Le Tour du Monde en 80 Jours, au théâtre de la Porte-Saint-Martin notamment. En 1851, Jules rencontre Jacques Arago, célèbre explorateur et auteur du Voyage autour du Monde. Découvrant alors pleinement le récit de voyage, il trouve sa vocation littéraire.

Ces années sont très fécondes et le jeune auteur ne cesse d’écrire mais ne publie pas, gardant nouvelles et pièces pour lui. Au début 1854, il fait la rencontre d’une jeune femme, Laurence Janmar, qui lui fait grand effet ; celle-ci se marie avec un autre quelques mois plus tard. Juste avant cet évènement, son ami Jules Seveste, directeur du théâtre, décède soudainement. Son successeur, Émile Perrin, souhaite voir le jeune auteur rester, mais ce dernier refuse le poste de directeur pour conserver sa liberté : « J'ai refusé. Il m'a même offert de diriger le théâtre, moi seul, tout en restant directeur en nom et ayant une part dans les bénéfices ; j'ai refusé encore ; je veux être libre et prouver ce que j'ai fait. » Il conservera pourtant son poste de secrétaire jusqu’à l’année suivante.

Sa nouvelle rédigée à cette époque, « Un hivernage dans les glaces », qui ne sera publié qu’en 1874 sous le nom de Docteur Ox, préfigure l’écriture à venir des Voyages Extraordinaires et sa fascination pour l’ailleurs, le lointain. En mars 1856, il rencontre au mariage d’un ami la sœur de la mariée, veuve, Honorine de Viane. Pour se présenter comme un parti convenable, il cherche à augmenter ses revenus et se lance dans la bourse, devient agent de change et emprunte une certaine somme à son père afin de devenir remisier. Le couple se marie finalement le 10 janvier 1857 et Verne adopte alors par la même occasion ses deux enfants, Louise Valentine et Suzanne Eugénie Aimée. 

Voyages réels et immatériels

Dans une lettre à son père du 15 juillet 1859, Jules Verne écrit : « Alfred Hignard m'offre, ainsi qu'à son frère, un passage gratuit d'aller et retour en Écosse. Je me hâte de saisir aux cheveux ce charmant voyage… » N’ayant jamais quitté sa France natale, Jules Verne entreprend une expédition en 1859 accompagné d’un ami en Angleterre et en Écosse. Ce voyage l’inspire et il prend de très nombreuses notes. En juillet 1861, l’auteur part à nouveau pour la Norvège, et avec deux amis cette fois mais reviendra peu après la naissance de son fils Michel le 4 août. Voilà l’auteur enfin prêt pour la publication.

Acharnements et succès littéraires

Jules Verne fait la connaissance de Pierre-Jules Hetzel, célèbre éditeur, en 1861. L’écrivain lui propose, cette même année et suite à son premier voyage Voyage en Angleterre et en Écosse , mais Hetzel refuse. Leur collaboration débutera véritablement lors de la présentation du texte Un voyage en l’air, qu’Hetzel souhaite qu’il retravaille, et qui mènera à la publication, en janvier 1863, du roman Cinq Semaines en Ballon. Ce roman énonce d’ailleurs une phrase qui résonne toujours aujourd’hui, illustrant la pertinence de sa plume et son ton, entre exaltation et mesure : « Cela sera peut-être une fort ennuyeuse époque que celle où l'industrie absorbera tout à son profit ! À force d'inventer des machines, les hommes se feront dévorer par elles ! Je me suis toujours figuré que le dernier jour du monde sera celui où quelque immense chaudière, chauffée à trois milliards d'atmosphères, fera sauter notre planète ! » Le mois suivant, il devient membre de la Société des Auteurs et compositeurs Dramatiques. Au mois d’octobre de la même année, il assiste, sur invitation de Nadar, au lancement du ballon « Géant » au champ de Mars et publie deux mois plus tard un article sur l’expérience de son ami, À propos du Géant.

Le succès du premier roman publié de Jules Verne pousse les deux hommes à collaborer sur la longueur, Jules Verne signant dès 1864 un contrat de deux livres par an ; l’année suivante, il s’engage pour trois volumes et devient en parallèle membre de la Société de Géographie. Il fournit dès lors ses romans au Magasin d’éducation et de récréation, revue jeunesse. L’auteur propose aussi à son éditeur d’autres textes comme Paris au XXe siècle, roman d’anticipation écrit vers 1860, qu’Hetzel refuse avec vigueur, trop attaché à sa ligne éditoriale ; cette œuvre ne sera publiée qu’en 1994.

1864 est aussi la date de publication de Aventures du Capitaine Hatteras, roman qu’il transformera, lors de l’édition en volumes deux ans plus tard, en Voyages et Aventures du Capitaine Hatteras ; ce roman est le premier à posséder l’appellation « Voyages Extraordinaires ». 1864 est enfin l’année de la publication de Voyage au Centre de la Terre. Ses trois premières parutions sont des succès que viendront perpétuer les suivantes.

Jules Verne, vivant confortablement de ses succès, emmène sa famille dans une maison au Crotoy en 1865 avant de s’installer dans une petite villa, La Solitude, en 1868. Il se fait par la même occasion construire un petit bateau nommé Saint-Michel ; le romancier possèdera en tout trois bateaux au cours de sa vie, tous nommés Saint-Michel. En mars 1867, Jules et son frère Paul entreprennent un voyage aux États-Unis, ce qui lui vaudra l’écriture d’Une Île Flottante en 1871. Le 9 août 1870, Jules Verne devient Chevalier de la Légion d’Honneur.

En juillet de la même année, il déménage à Amiens, où il restera jusqu’à sa mort ; il écrit en effet à son ami Charles Wallut : « Sur le désir de ma femme, je me fixe à Amiens, ville sage, policée, d’humeur égale, la société y est cordiale et lettrée. On est près de Paris, assez pour en avoir le reflet, sans le bruit insupportable et l’agitation stérile. Et pour tout dire, mon Saint-Michel reste amarré au Crotoy. » Gardant une âme amusée et enfantine, il organisera deux bals notables en 1877 et 1885, le premier étant costumé sur le thème du Voyage à la Lune.

À la fin de l’année 1872, Jules Verne publie Le Tour du Monde en 80 Jours, d’abord dans Le Temps puis directement chez Hetzel. Contrairement à diverses légendes, le romancier n’était pas un grand sédentaire et continue d’entreprendre de nombreux voyages, relativement courts, comme en 1878 de Lisbonne à Alger avec son Saint-Michel III, puis, l’année suivante, en Écosse et en Irlande. En 1881, il effectue une croisière dans le nord de l’Europe, passant par la Hollande, l’Allemagne ou le Danemark. L’année suivante, il déménage au 2 rue Charles-Dubois, dans la fameuse maison à la tour. Il fait son dernier voyage en 1884, un tour de la Méditerranée, passant par l’Espagne, le Portugal, il rejoint sa femme à Oran puis, ensemble, ils repartent pour l’Italie, en Sicile. Ce voyage l’inspirera beaucoup pour l’écriture de Mathias Sandorf, publié en 1885.

Fin de l’odyssée

Le 9 mars 1886, alors que l’écrivain rentre chez lui, son neveu Gaston lui tire au pistolet dans la jambe ; le jeune homme probablement atteint de folie laisse Verne vivant mais claudiquant pour le restant de ses jours.

Au crépuscule de sa vie, le romancier s’investit au conseil municipal d’Amiens, à l’Alliance Française, et inaugure même le cirque municipal. La mort de son frère Paul en 1897 l’affecte énormément et dans les années qui suivront, malgré son acharnement littéraire, l’auteur perd progressivement ses forces. Atteint de diabète, il ralentit la cadence. Son rythme de publication a toujours étonné et certaines personnes en viennent à accuser l’auteur d’employer des nègres. Il déclare à ce sujet en 1903 : « J'ai également perdu une oreille. Je ne risque donc plus d'entendre que la moitié des sottises et des méchancetés qui courent de par le monde. C'est une grande consolation. » Après plusieurs crises violentes dès 1904, Jules Verne décède le 24 mars 1905 à Amiens et est enterré au Cimetière de la Madeleine. Son fils participera à la publication posthume du reste de ses œuvres. Jules Verne aura travaillé quarante ans sur ses Voyages Extraordinaires et cette collection compte 62 titres, regroupés en 47 volumes, et 18 nouvelles. La plupart de ses manuscrits sont aujourd’hui conservés à la bibliothèque municipale de Nantes.

Dépassant le simple divertissement de la jeunesse, les romans du conteur témoignent d’un esprit avide de découvertes et de liberté, à la recherche de l’émulation des rencontres. Fasciné autant que tourmenté par l’accélération de la technologie, Jules Verne adopte parfois une vision très pessimiste sur ce qu’il adviendra des hommes. Visionnaire, sans imaginer à quel point, son œuvre illustre le prisme gigantesque des découvertes concrètes ou imaginaires, voire symboliques, de l’humanité.

 

 

Sources :

https://julesverne.nantesmetropole.fr/home/approfondir/la-vie-et-loeuvre-de-jules-verne.html

https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Jules_Verne/148630

https://www.franceculture.fr/personne-jules-verne.html

Jean-Paul Dekiss, Jules Verne : un humain planétaire, Paris, Textuel coll. « Passion », 2005.

Fascicule « Le Monde de Jules Verne », bibliothèque municipale de Nantes 2001.

Crédit photo : Nadar (domaine public).

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